Suffit-il de passer cinq jours à Tokyo pour pouvoir dire qu’on s’y sent comme chez soi ? J’ai souvent eu cette sensation fugace et déconcertante d’avoir vécu au Japon.
Ce pays je l’ai longtemps fantasmé, je me suis toujours sentie proche de la culture japonaise, de ses us et coutumes, de son art de vivre et de sa nourriture bien sûr.
Les japonais expriment une sensibilité pleine de mélancolie et de raffinement esthétique. Leur rapport à la nature est assez pur et mystique. Pour un japonais, en chaque arbre demeure une divinité parce que le bois a un esprit. Les objets naturels sont adorés comme des esprits sacrés. Les japonais partagent un optimisme pour le monde et pour la nature humaine.
La nature humaine justement, je crois qu’on fait tous ça, en voyage, on compare. Alors de manière prosaïque, j’ai apprécié à Tokyo de ne pas me faire piétiner dans le métro même aux heures d’affluence, à Paris sur la ligne 13 je mute en tranche de jambon avariée compressée par du pain Harry’s. C’est si bon lorsque chacun respecte la zone de confidentialité de l’autre, je vous assure tout se passe bien, fraîcheur garantie.
Cinq jours ça donne malheureusement peu de temps pour découvrir des mets typiques en revanche je peux vous témoigner du plaisir que nous avons eu à manger des tempuras de légumes et aussi de l’incroyable diversité de poissons, tous plus frais les uns que les autres. L’art culinaire nippon est admirablement simple et authentique, dans le sens où la nourriture est souvent cuisinée sans trop d’artifices et de fioritures mais on valorise plutôt la qualité du produit, souvent il est laissé à l’état brut.
Si je devais retenir une chose de ce court voyage au Japon, ça va vous paraître surprenant, ç’est le goût du café. Une adresse improbable*, dans le quartier d’Omotesando, un tout petit comptoir à l’intérieur d’une maison traditionnelle japonaise. Impossible de trouver cette adresse par hasard. Sur le chemin, beaucoup de gens de bonne volonté pour nous aiguiller, l’adresse semblait méconnue des gens du quartier.
Un barista seul derrière son micro-comptoir. On passe commande dans un calme mystique. Dans l’attente de nos boissons, c’était comme un court instant de recueillement, personne n’osait parler comme envoûté par les effluves du café. Une adresse qui depuis peu a fermé ses portes malheureusement. Désormais j’associe l’odeur du café au souvenir de Tokyo.
*trouvée grâce au city guide de Lili Barbery-Coulon
Malgré le manque d’espace, la nature est omniprésente. Devant des immeubles-crayons,
des micro-boutiques ou des restaurants de poche, il y a une volonté de végétaliser la ville :
petites plantes et arbustes semblent quelques fois avoir été abandonnés là, et puis finalement chacun s’en rend responsable.
Tokyo est l’agglomération la plus peuplée du monde, le carrefour de Shibuya
est un baromètre de cette densité urbaine. Il y a comme une sorte de vie
inattendue qui se faufile dans tous les recoins de Tokyo.
Ma fille était fascinée par les tenues excentriques des jeunes tokyoïtes,
moi j’ai surtout aimé cette désinvolture et cette grâce
qui se dégage de leur attitude.
Beaucoup de restaurants à Tokyo, à tous les coins de rue, ci-dessus délicieuses
tempura de fruits de mer qui ne font pas les doigts gras.
Si ça n’a rien d’exceptionnel de manger des sushis, ceux-là étaient d’exception.
On a investi le comptoir de ce resto trouvé par hasard, une incroyable variété de poissons
détaillé sous nos yeux, où le maitre sushi exécutait ses gestes avec une précision sans égal.
J’ai vécu l’expérience singulière et mystique d’un café à Tokyo avec ma fille qui
pour l’occasion a eu droit de boire «la boisson interdite» en version lattè.
nourritures - le journal de la délectation 